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30 octobre 2012 2 30 /10 /octobre /2012 06:57

Mardi 30 Octobre 2012

 

Social-Eco

 

Les syndicats poussent les états à sauver l'acier

 

Hier, des syndicats français, luxembourgeois et belge ont interpellé leurs gouvernements contre la casse industrielle. Pour eux, une entreprise publique européenne de la sidérurgie doit être envisagée.


Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, a eu sa tournée européenne sur ArcelorMittal cet été. A présent, ce sont les syndicats de la sidérurgie qui reprennent le flambeau afin de ne pas laisser s'éteindre l'un après l'autre tous les hauts-fourneaux en Europe de l'Ouest. Leurs militants avaient déjà l'habitude de se côtoyer dans les manifestations contre la casse industrielle à Liège, en Belgique, au Luxembourg ou à Florange (Moselle). Mais hier, dans la capitale du grand-duché, des représentants de l'OGB-L, de la FGTB et de la CGT ont rendu public une série de courriers communs adressés aux gouvernements luxembourgeois, wallon et français.

Dans ces missives, les syndicats constatent qu'ils se battent depuis des mois pour « trouver une solution à l'intérieur d'ArcelorMittal » afin de « maintenir l'ensemble des outils de production et notamment les sidérurgies intégrées ». Mais après avoir cité les très nombreux rapports d'expertises demandés par les instances représentatives des salariés au Luxembourg, en Belgique et en France qui ont conclu à la viabilité des sites intégrés, ils déplorent le fait que, malgré les nombreuses tentatives de conciliation locales, régionales et nationales, la multinationale dirigée par Lakshmi Mittal est « restée sourde aux alternatives ».

Ensemble, les syndicats interpellent les pouvoirs publics : « C'est à vous de peser sur les choix ! » Appelant à un front commun entre les gouvernements et les syndicats contre la direction d'ArcelorMittal, ils réclament que les états européens « envisagent une alternative aux sociétés transnationales par une initiative industrielle publique et la création d'une entreprise publique européenne de la sidérurgie ». Faute de quoi, avertissent l'OGB-L, la FGTB et la CGT dans leurs courriers, « nous aurons la fermeture d'usines encore rentables, des déserts industriels dans certaines régions d'Europe, du chômage massif et la pollution de l'air en plus ». Pour les signataires de cette lettre qui, pour la France, a été envoyée à Arnaud Montebourg, il y a « des solutions juridiques et politiques » pour éviter la casse de la sidérurgie européenne. Tous en appellent à un « mini-sommet européen » rassemblant les ministres de l'économie de chaque état où ArcelorMittal détient des sites avec les organisations syndicales.

à Florange, comme en Belgique et au Luxembourg, les syndicats veulent sauver les hauts-fourneaux.

Les syndicats appellent à un front commun contre la direction d'ArcelorMittal.

 

T. L.


 

 

Tous droits réservés : L'Humanité

Diff. 55 629 ex. (source OJD)

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10 mai 2012 4 10 /05 /mai /2012 09:59
Un Traité contre les peuples : faire échec au Pacte budgétaire !

Le nouveau traité européen  représente un véritable danger pour la démocratie et les droits sociaux en Europe. Le collectif pour un audit citoyen se mobilise !

Le 1er mars 2012, 25 (sur 27) chefs d’État et de gouvernement ont signé un nouveau traité, le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance de l’Union économique et monétaire (TSCG), qui devrait entrer en vigueur au début de l’année 2013. 

Ce traité, dénommé «Pacte budgétaire», est présenté comme un remède à la crise par les gouvernements européens et la «Troïka» – la Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI). Sa recette est simple : l’austérité généralisée en Europe.

Nous aurions vécu au-dessus de nos moyens, et, désormais, pour «rassurer les marchés», il nous faudrait consentir à des mesures «douloureuses» : fermeture d’écoles, d’hôpitaux, suppression d’allocations sociales, remise en cause du droit du travail et «modération» des salaires…

Le nouveau traité comprend ainsi plusieurs outils pour contraindre durablement (et sans débat démocratique) les Etats à effectuer les réformes «nécessaires» : la «règle d’or», qui impose un quasi-équilibre budgétaire, ainsi qu’un arsenal punitif renforcé pour les pays «laxistes».

Le Pacte budgétaire dresse ainsi les contours d’une Europe technocratique qui écrase les peuples pour mieux rassurer les marchés. Le Collectif pour un audit citoyen de la dette vous propose ici une petite visite guidée des dispositifs prévus par ce nouveau traité.

  • Une règle d’or : l’austérité !

L’imposition de la «règle d’or» dans la législation nationale représente une des principales nouveautés du Pacte budgétaire. Celle-ci répond à une logique simple. Comme le Traité de Maastricht leur interdit d’emprunter à la Banque centrale européenne, les États en déficit doivent chaque année emprunter sur les marchés en créant de nouvelles dettes. Interdire les déficits publics serait alors un moyen simple d’empêcher qu’un Etat s’endette davantage et représenterait donc un «frein» à la dette.

Cette nouvelle «règle d’équilibre budgétaire» exige  que les budgets soient en équilibre ou en excédent. Il s’agit plus précisément de réduire le «déficit structurel» des États, c’est-à-dire le déficit calculé en éliminant la partie «conjoncturelle», liée à une chute de recettes lors d’une récession ou à un surcroît de recettes lors d’une année de croissance exceptionnellement forte. Un déficit structurel trop élevé serait un signe de déséquilibre durable dans les finances publiques.

Selon la Commission européenne, c’est ce type de déséquilibre qui serait à l’origine de la crise de la dette : les Etats dépenseraient trop par rapport à ce qu’ils «gagnent». La crise de la dette révélerait donc une sorte de faute morale que les Etats n’auraient jusque là jamais admise. Cette faute devrait donc désormais être sévèrement sanctionnée.

Le Pacte budgétaire impose ainsi aux États signataires d’engager des réformes immédiates pour réduire leur déficit structurel sous la barre de 0,5 %. Avec, pour les États en dehors des clous, des amendes significatives.

A priori, il existe de nombreuses manières de réduire les déficits : augmenter les recettes, en augmentant les impôts ou encore en  stimulant  l’activité économique, ou réduire les dépenses, c’est-à-dire couper dans les dépenses sociales, les services publics et les effectifs et salaires de la fonction publique.

Pourtant, les recommandations de la Commission sont claires : la «meilleure» manière de réduire les déficits consiste à couper dans les dépenses sociales. Ce n’est pas seulement la Commission qui le dit : les règles, les procédures actuelles, les textes européens et le Pacte budgétaire lui-même mettent l’accent sur la réduction des dépenses, comme s’il s’agissait de la seule méthode envisageable.

Le message est donc clair : pour réduire les déficits, il faut généraliser les «cures d’austérité» en Europe.

Cela a été confirmé avec l’adoption par les gouvernements européens du Pacte pour l’euro en mars 2011, qui stipule que l’«équilibre des finances publiques» présuppose des coupes drastiques dans les retraites, les dépenses de santé et allocations sociales. La concurrence fiscale « libre et non faussée » qui règne entre les États européens les pousse de toute façon à réduire impôts et cotisations pour attirer les capitaux.

L’indicateur du «déficit structurel», issu de calculs complexes, donne aux saignées budgétaires l’apparence d’une «rigueur» scientifique. Pourtant, ses méthodes de calcul sont de pures constructions statistiques. Aucune méthode existante ne fait consensus au plan international, ni même à l’échelle européenne. Le FMI, l’OCDE, la Banque centrale européenne et la Commission n’ont pas tous la même approche et parviennent des résultats différents.

La méthode utilisée jouera pourtant un rôle crucial. Un État peut se retrouver loin d’un côté ou de l’autre de la barre des 0,5% selon les méthodes de calcul.

  • La règle de plomb de l’austérité

La méthode de calcul du déficit structurel comprend dans ses hypothèses des choix résolument politiques : les dépenses de santé ou d’éducation sont-elles des investissements dans l’avenir, ou de simples dépenses de fonctionnement à sabrer ? Les dépenses d’investissement – notamment en recherche et développement, ou bien pour financer des projets d’avenir comme la transition écologique doivent-ils être inclus dans le calcul du déficit – et donc réduits à tout prix ?

Malgré la portée de ces choix pour l’avenir de nos sociétés, ce sera la Commission, instance non élue, qui décidera  des principes communs de calcul des déficits structurels. Les États devront s’aligner sur ces «bonnes pratiques», sous le contrôle de la Cour de justice européenne.

Or, dans les calculs de la Commission, les seules exemptions aux dépenses concernent celles associées à des catastrophes majeures, des actions militaires ou des décisions des institutions européennes  (comme par exemple des amendes infligées aux États membres !).

En fait, le calcul du « déficit structurel » est si arbitraire qu’il ne peut en aucun cas être utilisé pour fonder une politique économique. Dans le cadre du Pacte budgétaire, sa fonction est en réalité  de jeter l’opprobre sur les dépenses publiques  et de pousser les États à toujours plus d’austérité.

  • Combien ça va coûter ?

Concrètement, combien va coûter la réduction des déficits ? Pour la France, le déficit  réel  était prévu à 5,7 % du PIB[5] en 2011, pour un déficit structurel calculé à 3,8 % du PIB. En application du Pacte budgétaire, il faudrait donc réduire le déficit de 3,3 points… soit 66 milliards d’euros !

En comparaison, la réforme des retraites aurait permis de réduire les dépenses publiques à hauteur de 7 milliards en 2012 selon le projet de budget du gouvernement. Il s’agit donc approximativement d’effectuer l’équivalent d’une dizaine de réformes des retraites.

Le temps dévolu aux gouvernements pour s’ajuster à l’objectif de 0,5 % n’est pas encore clairement défini dans les propositions de la Commission. Dans le volet préventif de l’actuel Pacte de stabilité, les États membres sont tenus de réduire leur déficit au rythme de 0,5 point de PIB par an… soit pour la France un rythme de 10 milliards d’euros par an !

Dans leurs efforts pour réduire les déficits, les signataires auront exceptionnellement la possibilité d’accepter un déficit supérieur à 0,5%, dans le cas où ils feraient face à une récession , à condition que cela ne mette pas en danger l’atteinte d’un « équilibre budgétaire à moyen terme ».

Cette exception pourrait néanmoins ne jamais entrer en vigueur… Par ailleurs, aucune limite temporelle n’est prévue à cette «règle de plomb». C’est donc ni plus ni moins que l’austérité à perpétuité qui est promise à l’Europe!

  • Des dégâts économiques et sociaux considérables

Les mesures d’austérité sont à l’origine de dommages sociaux considérables. Cela n’effraie pas du tout la Commission et les gouvernements européens. Après tout, il s’agit là, ni plus ni moins, que de radicaliser les mesures de «modernisation» de l’Etat, comme en témoignent les coupes budgétaires mises en œuvre dans le cadre des plans d’austérité appliqués depuis 2009 :

  • dans les salaires et effectifs de la fonction publique
  • dans la protection sociale, chômage, logement…
  • dans les financements des collectivités locales
  • dans les services publics
  • dans les retraites, via le recul de l’âge légal [1].

Ces mesures sont fondamentalement injustes, car elles touchent en priorité les populations les plus précaires, les femmes[2], les jeunes, mais aussi les classes populaires ainsi que les classes moyennes.

Elles sont aussi absurdes économiquement. En effet, elles créent un cercle destructeur : la baisse des revenus (pertes d’allocations, hausse des prix dans les services publics) contribue à diminuer la consommation, puis l’activité. Elle accentue la récession qui va davantage peser sur les comptes publics – avec pour conséquence une augmentation du déficit public que ces mesures étaient censées résoudre. La règle de plomb de l’austérité ne freine pas l’endettement… elle l’accélère !

Les politiques d’austérité ont ainsi littéralement laminé l’économie grecque. Le nouveau plan adopté en février dernier est une étape supplémentaire : baisse de 22% du salaire minimum, ramené à 586 euros bruts sur 14 mois, suppression dans l’année de 15 000 emplois publics, nouvelles coupes dans les pensions de retraite. Loin de jeter les bases d’une sortie de crise, les prétendues «cures» imposées par la Troïka entretiennent un cercle vicieux de récession et de chômage.

  • Une «compétitivité» qui plombe toute l’Europe…

En fait, le paradigme du Pacte budgétaire s’inspire de la politique économique menée par l’Allemagne ces dernières années. La «règle d’or» budgétaire y a déjà été adoptée pour contrôler le recours des administrations publiques à l’endettement. Le gouvernement d’Angela Merkel a récemment inscrit dans la Constitution une règle pour obliger les gouvernements futurs à rester en-dessous d’un déficit structurel de 0,35%.

Avec le Pacte budgétaire, c’est le modèle conservateur allemand dans son ensemble qui est imposé comme l’exemple à suivre. Pourtant, celui-ci ne peut en rien servir de modèle pour l’Europe. Ce modèle repose sur une recherche de performance commerciale à tout prix («compétitivité»), à travers une baisse des salaires réels, des attaques sur les droits sociaux (notamment sur les allocations chômage) en parallèle avec des avantages fiscaux pour les grandes entreprises, des privatisations…

L’explosion des excédents commerciaux allemands provoque mécaniquement celle des déficits commerciaux des partenaires, qui n’ont d’autre choix que de s’endetter… ou d’imposer eux-mêmes une «dévaluation interne» par une baisse massive des salaires et des budgets sociaux. Mais cette politique  pèse sur leur demande interne et donc sur les exportations allemandes.

L’Allemagne risque fort elle-même d’entrer en récession en 2012 car, à une demande interne affaiblie depuis des années, vient maintenant se combiner un ralentissement de ses exportations en Europe dû aux conséquences des politiques d’austérité qu’elle a promues. Le modèle allemand n’est pas soutenable pour les autres pays européens ni pour l’Allemagne elle-même.

C’est pourtant cette spirale destructrice de dumping social et fiscal à l’échelle de l’Europe que le Pacte budgétaire institutionnalise.

L’impossible transition sociale et écologique

Le carcan d’austérité de la «règle d’or» ne va pas seulement obliger les gouvernements à mettre en œuvre des coupes sévères dans les dépenses sociales: il va par ailleurs priver les gouvernements de leviers économiques d’une importance considérable en période de crise. Il sera désormais impossible de  mettre en place des politiques budgétaires ambitieuses et des investissements publics pour initier la transition écologique et relancer l’emploi.

Après la crise de 1929, Roosevelt avait proposé un « New Deal » avec des investissements publics importants pour relancer l’économie. Dans l’Union européenne du Pacte budgétaire, ce programme aurait été l’objet de sanctions très lourdes qui l’auraient rendu impossible. S’imposer un quasi-équilibre budgétaire, cela signifie que les investissements de long terme seront financés par les recettes courantes.Or ces investissements seront utilisés des décennies durant par plusieurs générations, il est donc totalement absurde qu’elles soient financées par les recettes du moment.

Si cette règle devait être respectée, elle entrainerait l’impossibilité, de fait, d’investir pour l’avenir, alors même que les urgences sociales et écologiques supposent des investissements massifs. Pour sortir de la crise, il existe des moyens bien plus efficaces et plus justes, et qui ne sacrifient pas l’avenir ! (voir ci-après)

Mirages de l’investissement privé

Avec le Pacte budgétaire, les institutions et les gouvernements européens acceptent de se lier les mains, et de tirer une croix sur toute politique budgétaire ambitieuse d’investissements publics. Ils disent vouloir favoriser les conditions d’une relance de la croissance par l’investissement privé et la «compétitivité».

Cette prétendue «politique de croissance» justifie un nouvel approfondissement de l’agenda néolibéral, avec la privatisation des services et vente des biens publics (la gestion publique étant moins «rentable»), la flexibilisation du marché du travail (licenciements facilités, négociation collective éliminée pour faciliter la baisse des salaires) et de nouvelles taxes sur la consommation, la TVA, l’essence… qui contrastent avec les cadeaux fiscaux pour les riches et les grandes entreprises.

Ces mesures attaquent les droits sociaux, la négociation collective, et contribuent à une diminution des revenus de la majorité de la population. Appliquées à l’échelle européenne, elles favoriseront elles aussi la récession. Dès lors, malgré tous ces «efforts», les investisseurs privés préfèreront se tourner vers des placements plus rentables… comme la spéculation sur les dettes publiques !

 

  • Punitions contre la démocratie

Au fond ce nouveau Traité  semble jusqu’ici ne rien faire d’autre que de radicaliser les objectifs du Pacte de stabilité et de croissance, qui imposait aux États de ne pas dépasser un déficit de 3 %.

Le Pacte budgétaire reprend par ailleurs en grande partie les mesures développées dans le cadre du paquet européen de gouvernance économique déjà adopté par l’Union européenne en 2011 : contrôle a priori des budgets par la Commission, avec à la clé des sanctions possibles pour les gouvernements qui ne se soumettraient pas à l’impératif de réduire la dette.

Pourtant, le Pacte budgétaire représente une véritable révolution : non seulement parce qu’il impose aux États l’objectif de l’équilibre budgétaire, mais aussi dans les moyens nouveaux qui sont donnés aux institutions européennes pour faire respecter ses mesures.

L’arsenal punitif est considérablement renforcé et des pouvoirs exorbitants sont confiés à la Commission, mais aussi à la Cour de justice européenne.

  • Des sanctions automatiques

Les amendes infligées aux pays surendettés ou en déficit seront décidées sur proposition de la Commission européenne au Conseil européen, selon un principe dit «de majorité inversée». C’est-à-dire que pour bloquer une procédure, une majorité qualifiée des États membres sera  désormais  nécessaire… Les punitions pourront donc être infligées de manière quasi automatique sur proposition de la Commission européenne. Pis encore : le pays «accusé» n’aura pas le droit de participer au vote !

Par ailleurs, si un État membre considère qu’un autre État membre n’a pas adopté de législation suffisamment contraignante pour mettre en œuvre les règles du traité, il peut porter plainte auprès de la Cour de justice européenne. Celle-ci pourra à ce titre imposer des amendes à hauteur de 0,1 % du PIB (ce qui représente pour la France autour de 2 milliards d’euros). Ce traité n’encourage donc en rien l’esprit de coopération et d’entraide entre pays européens !

  • Tout sauf le référendum !

En ce qui concerne le «frein à la dette», il est prévu que les gouvernements mettent eux-mêmes en œuvre des mécanismes de correction automatique d’un déficit «excessif» au sein même de leur  législation nationale.

L’inscription dans la Constitution n’est pas obligatoire. Le texte stipule en effet que les États membres doivent adopter des « dispositions à caractère contraignant, de préférence constitutionnelles, ou bien avec la garantie d’une application et d’une adhésion totale lors du processus d’adoption du budget national».
Des dispositions doivent cependant être prises pour que le frein à la dette ne puisse pas être remis en cause. Comme l’indiquait Angela Merkel : «Le frein à la dette va être contraignant et s’appliquer de manière permanente. Les règles ne doivent en aucun cas pouvoir être changées par une nouvelle majorité parlementaire».

Pour ce faire, des instances indépendantes pourraient être mises en place au niveau national, probablement composées d’experts et d’économistes, afin de veiller à l’application de la discipline budgétaire.

Pourquoi  un montage institutionnel aussi complexe et pour l’instant imprécis ? En fait la réponse est simple :  dans certains pays, une modification de la Constitution nécessite un référendum. Consulter le peuple? Un scénario à éviter à tout prix pour les promoteurs du Pacte budgétaire. D’où ces palinodies à propos d’une «règle permanente, quasi constitutionnelle, mais en-dehors de la constitution». Pour nos élites européennes, la démocratie, voilà l’ennemi.

  • Couler les peuples pour sauver les banques

Le «traité d’austérité» resserre d’un cran les vis d’un édifice institutionnel complexe, qui fait de l’austérité l’alpha et l’oméga des politiques économiques européennes. Il s’apprête à remettre en cause de manière généralisée les droits sociaux et la protection sociale en Europe.

Une remise en cause qui est déjà largement avancée dans les pays surendettés comme la Grèce, le Portugal ou l’Irlande, qui ont fait l’objet d’interventions de la Troïka. Le Pacte budgétaire s’articule en fait avec le Mécanisme européen de stabilité (MES) pour permettre de garantir de telles interventions.

Le MES a  pour vocation de généraliser les purges menées par la Troïka dans ces pays, avec les conséquences que l’on connaît (récession, chômage, misère…). Ce mécanisme prolonge en effet le Fonds européen de stabilité financière (FESF) qui a permis de mettre en œuvre les différents « sauvetages » européens.

Ce fonds avait été mis en place en urgence : devant le risque d’un défaut de la Grèce, c’est-à-dire d’une cessation brutale du paiement des intérêts de la dette grecque aux banques, les membres de la zone euro s’étaient accordés pour violer le Traité de Maastricht (repris par les traités ultérieurs), qui interdisait toute  «solidarité financière» entre États européens.

Ils se sont mis d’accord pour emprunter les sommes nécessaires et les fournir à la Grèce plutôt que de confier à la Banque centrale européenne  un rôle – lui aussi interdit par Maastricht – de prêteur en dernier ressort. Il ne s’agissait pourtant pas d’une «solidarité» à l’égard du peuple grec : les «plans de sauvetage» successifs ont en effet permis de recapitaliser les banques nationales et de racheter des volumes importants d’obligations aux créanciers des pays en difficulté, évitant ainsi de lourdes pertes aux banques européennes.  Pour permettre ce sauvetage des banques, le peuple grec devait payer : des plans d’austérité drastiques ont ainsi été mis en œuvre.

Le MES est bâti comme un FMI européen. Non seulement il applique les mêmes préceptes, mais son fonctionnement est par ailleurs calqué sur celui du FMI. Il ne rend de comptes à aucun parlement, aucun tribunal, seulement à un Conseil de «gouverneurs» représentant ses «actionnaires» (c’est-à-dire les États membres, à hauteur de leur contribution).

  • La spirale destructrice de l’austérité généralisée

Les «plans de sauvetage» successifs appliqués en Grèce permettent surtout de sauver le flux des intérêts qui saignent l’économie et alimentent les créanciers. Mais le peuple grec n’est pas le seul à faire les frais de la «solidarité européenne».

Les membres du MES seront en effet amenés, pour financer les prochains « sauvetages », à emprunter des sommes considérables sur les marchés financiers. La France s’est ainsi engagée à fournir jusqu’à 142 milliards d’euros, pour assurer les plus-values des créanciers.

Cela ne fera qu’accroître la pression sur les gouvernements afin qu’ils donnent des « garanties » de rigueur budgétaire aux créanciers et aux agences de notation. Il y a fort à parier que les interventions futures du MES seront aussi conditionnées à la mise en place d’une austérité accrue… pour les «sauveteurs». Une austérité «garantie» par l’adoption du Pacte budgétaire.

Alors que les peuples européens seront appelés à payer le coût des prétendus sauvetages de la Troïka, les emprunts du MES permettront aux banques de se rémunérer grassement. Elles pourront en effet emprunter à moindre frais à la Banque centrale européenne, et sans contreparties.

C’est ainsi que fin 2011 et début 2012, la BCE a inondé les banques privées européennes avec des prêts se montant à 1000 milliards d’euros sur trois ans, au taux amical de 1%, sommes dont une partie est en train d’être reprêtée aux États qui payent quant à eux des taux d’intérêt de 2 à 8 fois plus élevés…

Le MES met à la poubelle l’article du traité de Maastricht qui interdisait les aides entre États mais ne résout en rien le vice de fabrication de la zone euro : sa dépendance à l’égard des marchés financiers. Au contraire, il l’accentue.

C’est un véritable mécanisme d’instabilité permanent, qui s’apprête à plonger, par entraînement, l’Europe toute entière dans un cercle destructeur de politiques d’austérité généralisées et de récession sans fin.

Que retenir ? Plusieurs constats clairs :

  • Le Pacte budgétaire ne va pas sauver l’Europe, mais l’enfoncer davantage dans la crise économique, sociale, écologique et démocratique.
  • Il va approfondir l’austérité généralisée, en forçant les gouvernements à respecter un programme économique absurde qui mène à la récession.
  • Il est toxique pour la démocratie en imposant des mécanismes technocratiques de surveillance et de sanction des budgets nationaux.

Le Pacte budgétaire et le MES sont à l’image de l’Europe voulue par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, foulant au pied la démocratie et les peuples.

Ils mettent en place une mécanique technocratique, antidémocratique et antisociale pour mieux sauver les intérêts des plus riches et des banques. C’est ce « sauvetage » permanent qui entraîne les pays européens dans une surenchère de casse sociale et démocratique.

Pour la première fois de son existence, la Confédération européenne des syndicats a marqué sa désapprobation en s’opposant au nouveau traité européen. Jürgen Habermas, le grand philosophe allemand qui avait soutenu le Traité Constitutionnel Européen, estime aujourd’hui que les réformes européennes ouvrent une période de « domination post-démocratique ».

La violence des politiques entreprises par la Troïka dans les pays surendettés, la radicalisation de l’agenda néolibéral et des reculs sociaux changent donc la donne. Un large front de forces sociales peut émerger pour imposer une rupture avec cette logique néolibérale radicalisée.

Cette rupture doit reposer sur deux principes : une politique économique alternative, une rénovation complète de la démocratie en Europe.

  • Sortir l’Europe de la mainmise des marchés

Une véritable solidarité européenne : avec une intervention directe de la BCE pour dissuader la spéculation et sortir de l’asphyxie  les économies des pays surendettés par de massifs investissements publics. Dans le même temps, des audits de la dette doivent aboutir à des restructurations importantes, avec participation du secteur privé.

Sortir le financement public des marchés financiers : les États doivent pouvoir emprunter directement à la Banque centrale européenne sans passer par les banques privées; des mesures de relance publique et d’investissements massifs sont urgentes pour satisfaire les besoins sociaux, renforcer la convergence vers le haut des économies européennes et amorcer la transition écologique.

Mettre les banques au service de la société : Dissocier clairement les activités de banques de détail de celles d’investissement, de financement et de spéculation, mise sous contrôle public et démocratique du secteur des banques et assurances dans le cadre d’un authentique service public bancaire.

Désarmer les marchés financiers : Les mécanismes spéculatifs, comme le trading à haute fréquence, la vente à découvert, les marchés de gré à gré, les CDS et la spéculation sur les produits dérivés doivent être interdits. Une taxe  ambitieuse sur les transactions financières doit voir le jour dans l’Union européenne ou au moins dans la zone euro.

Lancer une révolution fiscale à l’échelle européenne, en taxant les riches et les profits et en mettant un terme à l’évasion fiscale et aux paradis fiscaux pour redonner des marges de manœuvre à l’action publique

  • Une rénovation démocratique complète

Dans un premier temps, cela suppose de rejeter le Pacte budgétaire par des mobilisations européennes et dans les différents États. Avec les autres peuples européens nous voulons imposer dans tous les pays un véritable débat démocratique autour des enjeux de la dette publique, des alternatives à l’austérité et à ce nouveau Traité.

Dans un second temps, il faut engager un processus démocratique d’élaboration d’un nouveau traité européen avec tous les pays voulant s’engager dans cette voie, pour refonder l’Europe sur des bases de solidarité et de démocratie. Faute de quoi l’Union s’enfoncera dans la récession, le chômage, le racisme et la xénophobie, et son éclatement deviendra inéluctable.

Notes

[1] Voir le livre blanc de la Commission européenne du 16 février 2012 Une stratégie pour des retraites adéquates  sûres et viables COM(2012) 55 final.

[2] Voir le rapport «Femmes et austérité» sur le site du collectif.

Ce document doit beaucoup à l’article «10 choses que vous devez savoir sur le Pacte budgétaire» par le Corporate Europe Observatory (en ligne: http://dessousdebruxelles.ellynn.fr/spip.php?article175).

www.audit-citoyen.org

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19 avril 2012 4 19 /04 /avril /2012 11:14


Appel à la mobilisation unitaire contre la signature par la France du traité de la zone euro

 




 

 

Aggravant le traité de Lisbonne, le traité intergouvernement de la zone euro adopté par le sommet   des chefs d’état et de gouvernement apporte des garanties :


 

 Garantie que la dette continuera d’augmenter :

la politique qui a causé la crise et la dette s’amplifie ! 

 

Baisse des salaires dans la valeur ajoutée, privatisations, partenariats public-privé, exonérations et exemptions de cotisations sociales patronales, baisse de la fiscalité des entreprises et des très riches, refus de lutter contre les paradis fiscaux, aides aux entreprises sans contrôle ni évaluation, libre circulation des capitaux, libre échange déséquilibré (OMC, AGCS, refus d’exiger la mise en œuvre des conventions de l’OIT…), euro trop élevé pour l’économie française, obligation des états de se financer auprès des marchés financiers …  Avec cette politique, il n’y a aucune chance de sortir de la crise.

 

 Garantie pour les banques privées

 et les spéculateurs que les intérêts seront payés

 

(cf. déclaration des chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro, sommet européen des 8 et 9 décembre 2011)

 Garantie pour les peuples d’austérité à perpétuité :

 

Le retour de la dette à 60 % du PIB, dans une économie en crise ou atone est impossible en empêchant toute politique de relance. Le Pacte pour l’euro +, dont la « règle d’or » fait partie est précis : remise en cause du SMIC, flexibilité, « modération salariale » (public et privé), priorité à la dette sur les dépenses santé, les retraites...., transfert des cotisations sociales patronales sur la TVA, la CSG, réduction drastique des services publics, … Cela rendrait impossible une mise en oeuvre d’une véritable politique de gauche.

 

 Garantie d’autoritarisme, les peuples n’ayant plus leur mot à dire.

 

Le Traité de Lisbonne a été adopté en violation du référendum sur le traité constitutionnel. La dérive autoritaire s’accentue de sommet en sommet et serait constitutionnalisée. « Surveillance budgétaire », « sanctions automatiques », « contrôle par la Cour de Justice » … c’est la soumission de la République aux oukases de la troïka (Commission européenne, BCE, FMI), en réalité de Goldman Sachs et autres banques et multinationales.

 

Nous appelons à une refondation de la construction européenne basée sur la coopération, le progrès économique , social, environnemental.

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16 avril 2012 1 16 /04 /avril /2012 12:29

 

TRAITÉ SUR LA STABILITÉ, LA COORDINATION ET LA GOUVERNANCE AU SEIN DE L'UNION ÉCONOMIQUE ET MONÉTAIRE ENTRE LE ROYAUME DE BELGIQUE, LA REPUBLIQUE DE BULGARIE, LE ROYAUME DE DANEMARK, LA REPUBLIQUE FEDERALE D'ALLEMAGNE, LA REPUBLIQUE D'ESTONIE, L'IRLANDE, LA REPUBLIQUE HELLENIQUE, LE ROYAUME D'ESPAGNE, LA REPUBLIQUE FRANÇAISE, LA REPUBLIQUE ITALIENNE, LA REPUBLIQUE DE CHYPRE, LA REPUBLIQUE DE LETTONIE, LA REPUBLIQUE DE LITUANIE, LE GRAND-DUCHE DE LUXEMBOURG, LA HONGRIE, MALTE, LE ROYAUME DES PAYS-BAS, LA REPUBLIQUE D'AUTRICHE, LA REPUBLIQUE DE POLOGNE, LA REPUBLIQUE PORTUGAISE, LA ROUMANIE, LA REPUBLIQUE DE SLOVENIE, LA REPUBLIQUE SLOVAQUE, LA REPUBLIQUE DE FINLANDE ET LE ROYAUME DE SUEDE T/SCG/fr 1

LE ROYAUME DE BELGIQUE, LA RÉPUBLIQUE DE BULGARIE, LE ROYAUME DE DANEMARK, LA RÉPUBLIQUE FÉDÉRALE D'ALLEMAGNE, LA RÉPUBLIQUE D'ESTONIE, L'IRLANDE, LA RÉPUBLIQUE HELLÉNIQUE, LE ROYAUME D'ESPAGNE, LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE, LA RÉPUBLIQUE ITALIENNE, LA RÉPUBLIQUE DE CHYPRE, LA RÉPUBLIQUE DE LETTONIE, LA RÉPUBLIQUE DE LITUANIE, LE GRAND-DUCHÉ DE LUXEMBOURG, LA HONGRIE, MALTE, LE ROYAUME DES PAYS-BAS, LA RÉPUBLIQUE D'AUTRICHE, LA RÉPUBLIQUE DE POLOGNE, LA RÉPUBLIQUE PORTUGAISE, LA ROUMANIE, LA RÉPUBLIQUE DE SLOVÉNIE, LA RÉPUBLIQUE SLOVAQUE, LA RÉPUBLIQUE DE FINLANDE ET LE ROYAUME DE SUÈDE,

 

ci-après dénommés les "parties contractantes",

CONSCIENTES de leur obligation, en tant qu'États membres de l'Union européenne, de considérer leurs politiques économiques comme une question d'intérêt commun;

DÉSIREUSES de favoriser les conditions d'une croissance économique plus forte dans l'Union européenne et, à cette fin, de développer une coordination sans cesse plus étroite des politiques économiques au sein de la zone euro;

TENANT COMPTE DU FAIT que la nécessité pour les gouvernements de maintenir des finances publiques saines et soutenables et de prévenir tout déficit public excessif est d'une importance essentielle pour préserver la stabilité de la zone euro dans son ensemble, et requiert dès lors l'introduction de règles spécifiques, dont une règle d'équilibre budgétaire et un mécanisme automatique pour l'adoption de mesures correctives; T/SCG/fr 2

CONSCIENTES de la nécessité de faire en sorte que leur déficit public ne dépasse pas 3 % de leur produit intérieur brut aux prix du marché et que leur dette publique ne dépasse pas 60 % de leur produit intérieur brut aux prix du marché ou diminue à un rythme satisfaisant pour se rapprocher de cette valeur de référence;

RAPPELANT que les parties contractantes, en tant qu'États membres de l'Union européenne, doivent s'abstenir de toute mesure susceptible de mettre en péril la réalisation des objectifs de l'Union dans le cadre de l'union économique, et notamment d'accumuler une dette en dehors des comptes des administrations publiques;

TENANT COMPTE DU FAIT que les chefs d'État ou de gouvernement des États membres de la zone euro se sont accordés le 9 décembre 2011 sur une architecture renforcée pour l'Union économique et monétaire, prenant pour base les traités sur lesquels l'Union européenne est fondée et visant à faciliter la mise en oeuvre des mesures adoptées sur la base des articles 121, 126 et 136 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne;

TENANT COMPTE DU FAIT que l'objectif des chefs d'État ou de gouvernement des États membres de la zone euro et d'autres États membres de l'Union européenne est d'intégrer le plus rapidement possible les dispositions du présent traité dans les traités sur lesquels l'Union européenne est fondée; T/SCG/fr 3

SE FÉLICITANT des propositions législatives formulées, le 23 novembre 2011, par la Commission européenne pour la zone euro dans le cadre des traités sur lesquels l'Union européenne est fondée, sur le renforcement de la surveillance économique et budgétaire des États membres connaissant ou risquant de connaître de sérieuses difficultés du point de vue de leur stabilité financière et sur des dispositions communes pour le suivi et l'évaluation des projets de plans budgétaires et pour la correction des déficits excessifs des États membres, et PRENANT NOTE de l'intention de la Commission européenne de soumettre de nouvelles propositions législatives pour la zone euro concernant, en particulier, l'information préalable sur les plans d'émissions de dette, des programmes de partenariat économique détaillant les réformes structurelles des États membres faisant l'objet d'une procédure concernant les déficits excessifs ainsi que la coordination des grandes réformes de politique économique des États membres;

EXPRIMANT le fait qu'elles sont disposées à soutenir les propositions que pourrait présenter la Commission européenne afin de renforcer plus encore le pacte de stabilité et de croissance en introduisant, pour les États membres dont la monnaie est l'euro, une nouvelle marge pour l'établissement d'objectifs à moyen terme, conformément aux limites établies dans le présent traité;

PRENANT NOTE du fait que, pour l'examen et le suivi des engagements budgétaires au titre du présent traité, la Commission européenne agira dans le cadre des pouvoirs qui lui sont conférés par le traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, et en particulier ses articles 121, 126 et 136; T/SCG/fr 4

NOTANT en particulier que, en ce qui concerne l'application de la "règle d'équilibre budgétaire" énoncée à l'article 3 du présent traité, ce suivi passera par l'établissement, pour chaque partie contractante, d'objectifs à moyen terme spécifiques à chaque pays et de calendriers de convergence, le cas échéant;

NOTANT que les objectifs à moyen terme devraient être actualisés périodiquement sur la base d'une méthode qui soit convenue d'un commun accord, dont les principaux paramètres doivent également être révisés régulièrement en tenant compte de manière adéquate des risques que font peser les passifs explicites et implicites sur les finances publiques, ainsi qu'il est prévu dans les objectifs du pacte de stabilité et de croissance;

NOTANT que, pour déterminer si des progrès suffisants ont été accomplis pour réaliser les objectifs à moyen terme, il y a lieu de procéder à une évaluation globale prenant pour référence le solde structurel et comprenant une analyse des dépenses, déduction faite des mesures discrétionnaires en matière de recettes, conformément aux dispositions du droit de l'Union européenne et, en particulier, au règlement (CE) n° 1466/97 du Conseil du 7 juillet 1997 relatif au renforcement de la surveillance des positions budgétaires ainsi que de la surveillance et de la coordination des politiques économiques, modifié par le règlement (UE) n° 1175/2011 du Parlement européen et du Conseil du 16 novembre 2011 (ci-après dénommé le "pacte de stabilité et de croissance révisé");

NOTANT que le mécanisme de correction à instaurer par les parties contractantes devrait viser à corriger les écarts par rapport à l'objectif à moyen terme ou à la trajectoire d'ajustement, y compris leurs effets cumulés sur la dynamique de la dette publique; T/SCG/fr 5

NOTANT que le respect de l'obligation des parties contractantes de transposer la "règle d'équilibre budgétaire" dans leurs systèmes juridiques nationaux au moyen de dispositions contraignantes, permanentes et de préférence constitutionnelles, devrait relever de la compétence de la Cour de justice de l'Union européenne, conformément à l'article 273 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne;

RAPPELANT que l'article 260 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne habilite la Cour de justice de l'Union européenne à infliger à un État membre de l'Union européenne qui ne s'est pas conformé à l'un de ses arrêts le paiement d'une somme forfaitaire ou d'une astreinte et RAPPELANT que la Commission européenne a fixé des critères pour déterminer le paiement de la somme forfaitaire ou de l'astreinte devant être infligé dans le cadre dudit article;

RAPPELANT la nécessité de faciliter l'adoption de mesures dans le cadre de la procédure de l'Union européenne concernant les déficits excessifs à l'égard des États membres dont la monnaie est l'euro et dont le rapport entre le déficit public prévu ou effectif et le produit intérieur brut dépasse 3 %, tout en renforçant considérablement l'objectif de cette procédure, qui est d'inciter et, au besoin, de contraindre l'État membre concerné à réduire le déficit éventuellement constaté;

RAPPELANT l'obligation, pour les parties contractantes dont la dette publique dépasse la valeur de référence de 60 %, de la réduire à un rythme moyen d'un vingtième par an, à titre de référence; T/SCG/fr 6

TENANT COMPTE de la nécessité de respecter, dans la mise en oeuvre du présent traité, le rôle spécifique des partenaires sociaux, tel qu'il est reconnu dans le droit ou les systèmes nationaux de chacune des parties contractantes;

SOULIGNANT qu'aucune disposition du présent traité ne doit être interprétée comme modifiant de quelque manière que ce soit les conditions de politique économique auxquelles une aide financière a été accordée à une partie contractante dans le cadre d'un programme de stabilisation auquel participe l'Union européenne, ses États membres ou le Fonds monétaire international;

NOTANT que le bon fonctionnement de l'Union économique et monétaire exige que les parties contractantes oeuvrent de concert à une politique économique par laquelle, tout en se fondant sur les mécanismes de coordination des politiques économiques définis dans les traités sur lesquels l'Union européenne est fondée, elles entreprennent les actions et adoptent les mesures nécessaires dans tous les domaines essentiels au bon fonctionnement de la zone euro;

NOTANT, en particulier, la volonté des parties contractantes de recourir plus activement à la coopération renforcée, telle que prévue à l'article 20 du traité sur l'Union européenne et aux articles 326 à 334 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, sans porter atteinte au marché intérieur, et leur volonté de recourir pleinement aux mesures concernant les États membres dont la monnaie est l'euro, conformément à l'article 136 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, ainsi qu'à une procédure de discussion et de coordination préalables, entre les parties contractantes dont la monnaie est l'euro, de toutes les grandes réformes des politiques économiques que celles-ci prévoient, en vue de prendre comme référence les meilleures pratiques; T/SCG/fr 7

RAPPELANT l'accord des chefs d'État ou de gouvernement des États membres de la zone euro, du 26 octobre 2011, visant à améliorer la gouvernance de la zone euro, notamment par la tenue d'au moins deux sommets de la zone euro par an, lesquels doivent être convoqués, sauf circonstances exceptionnelles, immédiatement après les réunions du Conseil européen ou les réunions des parties contractantes qui ont ratifié le présent traité;

RAPPELANT également l'adoption par les chefs d'État ou de gouvernement des États membres de la zone euro et d'autres États membres de l'Union européenne, le 25 mars 2011, du pacte pour l'euro plus, qui recense les questions essentielles à la promotion de la compétitivité dans la zone euro;

SOULIGNANT l'importance du traité instituant le mécanisme européen de stabilité en tant qu'élément d'une stratégie globale visant à renforcer l'Union économique et monétaire, et FAISANT REMARQUER que l'octroi d'une assistance financière dans le cadre des nouveaux programmes en vertu du mécanisme européen de stabilité sera conditionné, à partir du 1

er mars 2013, à la ratification du présent traité par la partie contractante concernée et, dès l'expiration du délai de transposition visé à l'article 3, paragraphe 2, du présent traité, au respect des exigences dudit article; T/SCG/fr 8

NOTANT que le Royaume de Belgique, la République fédérale d'Allemagne, la République d'Estonie, l'Irlande, la République hellénique, le Royaume d'Espagne, la République française, la République italienne, la République de Chypre, le Grand-Duché de Luxembourg, Malte, le Royaume des Pays-Bas, la République d'Autriche, la République portugaise, la République de Slovénie, la République slovaque et la République de Finlande sont des parties contractantes dont la monnaie est l'euro et que, à ce titre, ils seront liés par le présent traité à compter du premier jour du mois suivant le dépôt de leur instrument de ratification si le traité est en vigueur à cette date;

NOTANT ÉGALEMENT que la République de Bulgarie, le Royaume de Danemark, la République de Lettonie, la République de Lituanie, la Hongrie, la République de Pologne, la Roumanie et le Royaume de Suède sont des parties contractantes qui, en tant qu'États membres de l'Union européenne, font l'objet d'une dérogation à la participation à la monnaie unique à la date de signature du présent traité, et qu'ils peuvent uniquement être liés, tant qu'il n'est pas mis fin à cette dérogation, par les dispositions des titres III et IV du présent traité pour lesquelles ils déclarent, lors du dépôt de leur instrument de ratification ou à une date ultérieure, qu'ils ont l'intention d'être liés,

SONT CONVENUES DES DISPOSITIONS SUIVANTES: T/SCG/fr 9

TITRE I

OBJET ET CHAMP D'APPLICATION

ARTICLE 1

1. Par le présent traité, les parties contractantes conviennent, en tant qu'États membres de l'Union européenne, de renforcer le pilier économique de l'Union économique et monétaire en adoptant un ensemble de règles destinées à favoriser la discipline budgétaire au moyen d'un pacte budgétaire, à renforcer la coordination de leurs politiques économiques et à améliorer la gouvernance de la zone euro, en soutenant ainsi la réalisation des objectifs de l'Union européenne en matière de croissance durable, d'emploi, de compétitivité et de cohésion sociale.

2. Le présent traité s'applique intégralement aux parties contractantes dont la monnaie est l'euro. Il s'applique également aux autres parties contractantes, dans la mesure et selon les conditions prévues à l'article 14. T/SCG/fr 10

TITRE II

COHÉRENCE ET RELATION AVEC LE DROIT DE L'UNION

ARTICLE 2

1. Le présent traité est appliqué et interprété par les parties contractantes conformément aux traités sur lesquels l'Union européenne est fondée, et en particulier l'article 4, paragraphe 3, du traité sur l'Union européenne, ainsi qu'au droit de l'Union européenne, y compris le droit procédural lorsqu'il y a lieu d'adopter des actes de droit dérivé.

2. Le présent traité s'applique dans la mesure où il est compatible avec les traités sur lesquels l'Union européenne est fondée et avec le droit de l'Union européenne. Il ne porte pas atteinte aux compétences conférées à l'Union pour agir dans le domaine de l'union économique. T/SCG/fr 11

TITRE III

PACTE BUDGÉTAIRE

ARTICLE 3

1. Outre leurs obligations au titre du droit de l'Union européenne et sans préjudice de celles-ci, les parties contractantes appliquent les règles énoncées au présent paragraphe:

a) la situation budgétaire des administrations publiques d'une partie contractante est en équilibre ou en excédent;

b) la règle énoncée au point a) est considérée comme respectée si le solde structurel annuel des administrations publiques correspond à l'objectif à moyen terme spécifique à chaque pays, tel que défini dans le pacte de stabilité et de croissance révisé, avec une limite inférieure de déficit structurel de 0,5 % du produit intérieur brut aux prix du marché. Les parties contractantes veillent à assurer une convergence rapide vers leur objectif à moyen terme respectif. Le calendrier de cette convergence sera proposé par la Commission européenne, compte tenu des risques qui pèsent sur la soutenabilité des finances publiques de chaque pays. Les progrès réalisés en direction de l'objectif à moyen terme et le respect de cet objectif font l'objet d'une évaluation globale prenant pour référence le solde structurel et comprenant une analyse des dépenses, déduction faite des mesures discrétionnaires en matière de recettes, conformément au pacte de stabilité et de croissance révisé; T/SCG/fr 12

c) les parties contractantes ne peuvent s'écarter temporairement de leur objectif respectif à moyen terme ou de la trajectoire d'ajustement propre à permettre sa réalisation qu'en cas de circonstances exceptionnelles, telles que définies au paragraphe 3, point b);

d) lorsque le rapport entre la dette publique et le produit intérieur brut aux prix du marché est sensiblement inférieur à 60 % et lorsque les risques pour la soutenabililité à long terme des finances publiques sont faibles, la limite inférieure de l'objectif à moyen terme telle que définie au point b) peut être relevée pour atteindre un déficit structurel d'au maximum 1,0 % du produit intérieur brut aux prix du marché;

e) un mécanisme de correction est déclenché automatiquement si des écarts importants sont constatés par rapport à l'objectif à moyen terme ou à la trajectoire d'ajustement propre à permettre sa réalisation. Ce mécanisme comporte l'obligation pour la partie contractante concernée de mettre en oeuvre des mesures visant à corriger ces écarts sur une période déterminée.

2. Les règles énoncées au paragraphe 1 prennent effet dans le droit national des parties contractantes au plus tard un an après l'entrée en vigueur du présent traité, au moyen de dispositions contraignantes et permanentes, de préférence constitutionnelles, ou dont le plein respect et la stricte observance tout au long des processus budgétaires nationaux sont garantis de quelque autre façon. Les parties contractantes mettent en place, au niveau national, le mécanisme de correction visé au paragraphe 1, point e), sur la base de principes communs proposés par la Commission européenne et concernant en particulier la nature, l'ampleur et le calendrier des mesures correctives à mettre en oeuvre, y compris en cas de circonstances exceptionnelles, ainsi que le rôle et l'indépendance des institutions chargées, au niveau national, de vérifier le respect des règles énoncées au paragraphe 1. Ce mécanisme de correction respecte pleinement les prérogatives des parlements nationaux. T/SCG/fr 13

3. Aux fins du présent article, les définitions énoncées à l'article 2 du protocole (n ° 12) sur la procédure concernant les déficits excessifs, annexé aux traités de l'Union européenne, sont applicables.

Par ailleurs, les définitions suivantes sont également applicables aux fins du présent article:

a) le "solde structurel annuel des administrations publiques" signifie le solde annuel corrigé des variations conjoncturelles, déduction faite des mesures ponctuelles et temporaires;

b) les "circonstances exceptionnelles" font référence à des faits inhabituels indépendants de la volonté de la partie contractante concernée et ayant des effets sensibles sur la situation financière des administrations publiques ou à des périodes de grave récession économique telles que visées dans le pacte de stabilité et de croissance révisé, pour autant que l'écart temporaire de la partie contractante concernée ne mette pas en péril sa soutenabililité budgétaire à moyen terme. T/SCG/fr 14

ARTICLE 4

Lorsque le rapport entre la dette publique et le produit intérieur brut d'une partie contractante est supérieur à la valeur de référence de 60 % visée à l'article 1er du protocole (nº 12) sur la procédure concernant les déficits excessifs, annexé aux traités de l'Union européenne, ladite partie contractante le réduit à un rythme moyen d'un vingtième par an, à titre de référence, ainsi que le prévoit l'article 2 du règlement (CE) n° 1467/97 du Conseil du 7 juillet 1997 visant à accélérer et à clarifier la mise en oeuvre de la procédure concernant les déficits excessifs, modifié par le règlement (UE) n° 1177/2011 du Conseil du 8 novembre 2011. L'existence d'un déficit excessif dû au non-respect du critère de la dette sera décidée conformément à la procédure prévue à l'article 126 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne.

ARTICLE 5

1. Une partie contractante qui fait l'objet d'une procédure concernant les déficits excessifs en vertu des traités sur lesquels l'Union européenne est fondée, met en place un programme de partenariat budgétaire et économique comportant une description détaillée des réformes structurelles à établir et à mettre en oeuvre pour assurer une correction effective et durable de son déficit excessif. Le contenu et la forme de ces programmes sont définis dans le droit de l'Union européenne. Leur présentation pour approbation au Conseil de l'Union européenne et à la Commission européenne ainsi que leur suivi auront lieu dans le cadre des procédures de surveillance existantes en vertu du pacte de stabilité et de croissance. T/SCG/fr 15

2. La mise en oeuvre du programme de partenariat budgétaire et économique et des plans budgétaires annuels qui s'y rattachent, fera l'objet d'un suivi par le Conseil de l'Union européenne et par la Commission européenne.

ARTICLE 6

En vue de mieux coordonner la planification de leurs émissions de dette nationale, les parties contractantes donnent à l'avance au Conseil de l'Union européenne et à la Commission européenne des indications sur leurs plans d'émissions de dette publique.

ARTICLE 7

Dans le respect total des exigences procédurales établies par les traités sur lesquels l'Union européenne est fondée, les parties contractantes dont la monnaie est l'euro s'engagent à appuyer les propositions ou recommandations soumises par la Commission européenne lorsque celle-ci estime qu'un État membre de l'Union européenne dont la monnaie est l'euro ne respecte pas le critère du déficit dans le cadre d'une procédure concernant les déficits excessifs. Cette obligation ne s'applique pas lorsqu'il est établi que, parmi les parties contractantes dont la monnaie est l'euro, une majorité qualifiée, calculée par analogie avec les dispositions pertinentes des traités sur lesquels l'Union européenne est fondée sans tenir compte de la position de la partie contractante concernée, est opposée à la décision proposée ou recommandée. T/SCG/fr 16

ARTICLE 8

1. La Commission européenne est invitée à présenter en temps utile aux parties contractantes un rapport concernant les dispositions adoptées par chacune d'entre elles conformément à l'article 3, paragraphe 2. Si, après avoir donné à la partie contractante concernée la possibilité de présenter ses observations, la Commission européenne conclut dans son rapport que ladite partie contractante n'a pas respecté l'article 3, paragraphe 2, la Cour de justice de l'Union européenne sera saisie de la question par une ou plusieurs parties contractantes. Lorsqu'une partie contractante estime, indépendamment du rapport de la Commission, qu'une autre partie contractante n'a pas respecté l'article 3, paragraphe 2, elle peut également saisir la Cour de justice de cette question. Dans les deux cas, l'arrêt de la Cour de justice est contraignant à l'égard des parties à la procédure, lesquelles prennent les mesures nécessaires pour se conformer audit arrêt dans un délai à déterminer par la Cour de justice.

2. Lorsque, sur la base de sa propre évaluation ou de celle de la Commission européenne, une partie contractante considère qu'une autre partie contractante n'a pas pris les mesures nécessaires pour se conformer à l'arrêt de la Cour de justice visé au paragraphe 1, elle peut saisir la Cour de justice de l'affaire et demander que des sanctions financières soient infligées selon les critères établis par la Commission européenne dans le cadre de l'article 260 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne. Si la Cour de justice conclut que la partie contractante concernée ne s'est pas conformée à son arrêt, elle peut lui infliger le paiement d'une somme forfaitaire ou d'une astreinte adaptée aux circonstances et ne dépassant pas 0,1 % de son produit intérieur brut. Les montants dont le paiement est infligé à une partie contractante dont la monnaie est l'euro sont à verser au mécanisme européen de stabilité. Dans les autres cas, les paiements sont versés au budget général de l'Union européenne. T/SCG/fr 17

3. Le présent article constitue un compromis entre les parties contractantes au sens de l'article 273 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne.

TITRE IV

COORDINATION DES POLITIQUES ÉCONOMIQUES ET CONVERGENCE

ARTICLE 9

Sur la base de la coordination des politiques économiques définie dans le traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, les parties contractantes s'engagent à oeuvrer conjointement à une politique économique qui favorise le bon fonctionnement de l'Union économique et monétaire et qui promeut la croissance économique grâce au renforcement de la convergence et de la compétitivité. À cette fin, les parties contractantes entreprennent les actions et adoptent les mesures nécessaires dans tous les domaines essentiels au bon fonctionnement de la zone euro, en vue de réaliser les objectifs que constituent le renforcement de la compétitivité, la promotion de l'emploi, une meilleure contribution à la soutenabilité des finances publiques et un renforcement de la stabilité financière. T/SCG/fr 18

ARTICLE 10

Conformément aux exigences établies par les traités sur lesquels l'Union européenne est fondée, les parties contractantes sont prêtes à recourir activement, chaque fois que cela est indiqué et nécessaire, à des mesures concernant les États membres dont la monnaie est l'euro, telles que prévues à l'article 136 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, ainsi qu'à la coopération renforcée, telle que prévue à l'article 20 du traité sur l'Union européenne et aux articles 326 à 334 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, pour les questions essentielles au bon fonctionnement de la zone euro, sans porter atteinte au marché intérieur.

ARTICLE 11

En vue d'évaluer quelles sont les meilleures pratiques et d'oeuvrer à une politique économique fondée sur une coordination plus étroite, les parties contractantes veillent à ce que toutes les grandes réformes de politique économique qu'elles envisagent d'entreprendre soient débattues au préalable et, au besoin, coordonnées entre elles. Cette coordination fait intervenir les institutions de l'Union européenne dès lors que le droit de l'Union européenne le requiert. T/SCG/fr 19

TITRE V

GOUVERNANCE DE LA ZONE EURO

ARTICLE 12

1. Les chefs d'État ou de gouvernement des parties contractantes dont la monnaie est l'euro se réunissent de manière informelle lors de sommets de la zone euro auxquels participe également le président de la Commission européenne.

Le président de la Banque centrale européenne est invité à participer à ces réunions. Le président du sommet de la zone euro est désigné à la majorité simple par les chefs d'État ou de gouvernement des parties contractantes dont la monnaie est l'euro lors de l'élection du président du Conseil européen et pour un mandat de durée identique.

2. Des sommets de la zone euro sont organisés, lorsque cela est nécessaire et au moins deux fois par an, afin de discuter des questions ayant trait aux responsabilités spécifiques que partagent les parties contractantes dont la monnaie est l'euro à l'égard de la monnaie unique, des autres questions relatives à la gouvernance de la zone euro et aux règles qui s'appliquent à celle-ci et des orientations stratégiques relatives à la conduite des politiques économiques pour renforcer la convergence au sein de la zone euro. T/SCG/fr 20

3. Les chefs d'État ou de gouvernement des parties contractantes autres que celles dont la monnaie est l'euro, qui ont ratifié le présent traité, participent aux discussions des sommets de la zone euro concernant la compétitivité pour les parties contractantes, la modification de l'architecture globale de la zone euro et les règles fondamentales qui s'appliqueront à celle-ci dans l'avenir, ainsi que, le cas échéant et au moins une fois par an, à des discussions ayant trait à des questions spécifiques touchant à la mise en oeuvre du présent traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l'Union économique et monétaire.

4. Le président du sommet de la zone euro assure la préparation et la continuité des sommets de la zone euro, en étroite collaboration avec le président de la Commission européenne. L'organe chargé des préparatifs et du suivi des sommets de la zone euro est l'Eurogroupe. Son président peut y être invité à ce titre.

5. Le président du Parlement européen peut être invité à être entendu. Le président du sommet de la zone euro présente un rapport au Parlement européen après chaque sommet de la zone euro.

6. Le président du sommet de la zone euro tient les parties contractantes autres que celles dont la monnaie est l'euro et les autres États membres de l'Union européenne étroitement informés de la préparation de ces sommets ainsi que de leurs résultats. T/SCG/fr 21

ARTICLE 13

Comme le prévoit le titre II du protocole (n° 1) sur le rôle des parlements nationaux dans l'Union européenne, annexé aux traités de l'Union européenne, le Parlement européen et les parlements nationaux des parties contractantes définissent ensemble l'organisation et la promotion d'une conférence réunissant les représentants des commissions concernées du Parlement européen et les représentants des commissions concernées des parlements nationaux afin de débattre des politiques budgétaires et d'autres questions régies par le présent traité.

TITRE VI

DISPOSITIONS GÉNÉRALES ET FINALES

ARTICLE 14

1. Le présent traité est ratifié par les parties contractantes conformément à leurs règles constitutionnelles respectives. Les instruments de ratification sont déposés auprès du secrétariat général du Conseil de l'Union européenne (ci-après dénommé "dépositaire"). T/SCG/fr 22

2. Le présent traité entre en vigueur le 1

er janvier 2013, pour autant que douze parties contractantes dont la monnaie est l'euro aient déposé leur instrument de ratification, ou le premier jour du mois suivant le dépôt du douzième instrument de ratification par une partie contractante dont la monnaie est l'euro, la date la plus proche étant retenue.

3. Le présent traité est applicable à compter de la date de son entrée en vigueur dans les parties contractantes dont la monnaie est l'euro qui l'ont ratifié. Il s'applique aux autres parties contractantes dont la monnaie est l'euro à compter du premier jour du mois suivant la date de dépôt de leur instrument de ratification respectif.

4. Par dérogation aux paragraphes 3 et 5, le titre V est applicable à toutes les parties contractantes concernées à compter de la date d'entrée en vigueur du présent traité.

5. Le présent traité s'applique aux parties contractantes faisant l'objet d'une dérogation au sens de l'article 139, paragraphe 1, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, ou d'une dérogation visée dans le protocole (nº 16) sur certaines dispositions relatives au Danemark, annexé aux traités de l'Union européenne, qui ont ratifié le présent traité, à compter de la date où la décision portant abrogation de ladite dérogation prend effet, sauf si la partie contractante concernée déclare son intention d'être liée à une date antérieure par tout ou partie des dispositions des titres III et IV du présent traité. T/SCG/fr 23

ARTICLE 15

Les États membres de l'Union européenne autres que les parties contractantes peuvent adhérer au présent traité. L'adhésion prend effet au moment du dépôt de l'instrument d'adhésion auprès du dépositaire, qui notifie ce dépôt aux autres parties contractantes. Après l'authentification par les parties contractantes, le texte du présent traité dans la langue officielle de l'État membre adhérent, qui est aussi une langue officielle et une langue de travail des institutions de l'Union, est déposé dans les archives du dépositaire en tant que texte authentique du présent traité. T/SCG/fr 24

ARTICLE 16

Dans un délai de cinq ans maximum à compter de la date d'entrée en vigueur du présent traité, sur la base d'une évaluation de l'expérience acquise lors de sa mise en oeuvre, les mesures nécessaires sont prises conformément au traité sur l'Union européenne et au traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, afin d'intégrer le contenu du présent traité dans le cadre juridique de l'Union européenne.

Fait à Bruxelles, le deux mars deux mille douze.

Le présent traité, rédigé en un exemplaire unique en langues allemande, anglaise, bulgare, danoise, espagnole, estonienne, finnoise, française, grecque, hongroise, irlandaise, italienne, lettone, lituanienne, maltaise, néerlandaise, polonaise, portugaise, roumaine, slovaque, slovène et suédoise, tous les textes faisant également foi, est déposé dans les archives du dépositaire, qui en remet une copie certifiée conforme à chacune des parties contractantes.

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5 mars 2012 1 05 /03 /mars /2012 09:46

è L’Édito

 

Mars 2012 : pour un printemps des services publics!

 

Les attaques contre les services publics sont incessantes, en France comme dans tous les pays d'Europe. Nous avons vécu ces dernières  années des reculs importants avec un mouvement de privatisation continue des services publics, EDF-GDF, la poste, les attaques contre les statuts des personnels... L'usager  est souvent devenu client d'un service pour lequel il n'est qu'un objet de profit.

Mais ce qui est à l'ordre du jour aujourd'hui est tout autre, c'est l'action pour la reconquête des services publics,  pour les droits, les moyens de les satisfaire, et plus généralement pour faire prévaloir l'intérêt général dans les politiques publiques.

 

C'est l'action:

 

- pour le droit à l'éducation et en finir avec la sinistre RGPP, pour l'emploi avec le développement des activités industrielles et de services en France, pour le droit à la santé avec une sécurité sociale solidaire et universelle,  pour le droit au logement pour tous…

 

- pour la conquête de moyens de financer les investissements publics nécessaires avec un pôle financier public, une réforme de la fiscalité,

- pour la démocratisation de nos institutions, avec des possibilités nouvelles d'intervention pour les représentants des salariés, des usagers, ...

Les luttes salariés-usagers-élus et forces politiques progressistes sont décisives.  C'est ce tous ensemble qui donne la clé, pour mettre en échec les tentatives de mise en oppositions des uns et des autres (salariés-usagers, actifs-retraités) et créer le rapport de forces pour gagner.

Tout dernièrement c'est ce rassemblement qui a permis de mettre en échec le plan de fermeture de la maternité et de la chirurgie du Blanc dans l'Indre, ce que ni l'action des seuls salariés, usagers ou élus n'aurait permis!

 

L'assemblée générale de Convergence en janvier a lancé un appel à l'action commune de tous les collectifs, associations, organisations qui veulent agir pour mettre les services publics au cœur du projet de société. C'est aussi le sens de l'appel commun Convergence des services publics, Coordination des hôpitaux et maternités de proximité, EGSP, Convergence nationale rail (que vous trouverez en p.6). Cet appel doit s'élargir dans le respect de l'indépendance et des formes d'action de chacun mais avec l'objectif d'être plus efficaces ensemble.

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14 décembre 2011 3 14 /12 /décembre /2011 15:04

À l'initiative du Collectif DNSI37, ainsi que du Collectif 37 des travailleurs sans papiers et son comité de soutien, vous trouverez ci-joint (PDF recto-verso) notre invitation à un rassemblement pour :
 

"la solidarité contre la peur et l'exploitation"
samedi 17 décembre à partir de 15h place Jean-Jaurès

à l'occasion de la
Journée Internationale des Migrants
---
Cette journée revient tous les 18 décembre promouvoir une convention internationale adoptée le 18/12/90 pour la protection des droits de tous les travailleurs migrants et de leurs familles qui, avec ou sans papiers, "vont exercer, exercent et ont exercé" un travail pendant "tout le processus de migration".  Depuis 14 ans, ce texte reste inapplicable du fait que la France, ses partenaires européens ou les autres pays d'immigration de la planète se gardent bien de le signer (voir le site officiel en lien).
À Paris, le Collectif D'ailleurs Nous Sommes d'ici, mobilisé depuis plus d'un an contre le racisme et une politique d'immigration gouvernementale en constant durcissement, s'est joint pour l'occasion à l'appel de plusieurs collectifs ou réseaux et organisations associatives, syndicales ou politiques, pour une manifestation le jour-même du 18 décembre (voir l'appel sur le site DNSI en lien).

Et à Tours
, c'est donc la veille, ce samedi 17 décembre,  que nous vous invitons à rejoindre dès 15h et tout l'après-midi, notre stand d'information du Bd Béranger, sur le terre-plein faisant presque face aux marches du palais de justice, à l'entrée du marché aux fleurs, où vous serez chaleureusement accueillis : boissons chaudes, petits gâteaux et animations seront au rendez-vous. Au programme :
  • L'association d'éducation populaire STAJ ouvrira le bal avec son "porteur de paroles", un espace d'échange et de réflexion où tous les points de vue seront recueillis, exposés et pourront être débattus ;
  • Le Barroco-Théâtre et des membres du collectif 37 des travailleurs sans papiers et de leur comité de soutien, exécuteront ensuite un "Ballet de Balais" qui, si vous en avez manqué la première, reviendra vous surprendre plusieurs fois dans l'après-midi.
  • À la tombée du jour, sera projeté en avant-première un film réalisé par Franck Wolff sur le Collectif 37 des travailleurs sans papiers.
  • Et tout au long du rassemblement, vous pourrez sur le stand exprimer votre soutien à ces travailleurs migrants devenus sans papiers (en signant la pétition, en contribuant à la caisse de solidarité, en participant aux discussions) et plus généralement, vous informer et échanger sur la situation inique faite aux migrants à Tours (comme, malheureusement, un peu partout ailleurs, en France).
Soyons nombreux à manifester notre solidarité !

---
Collectif D'ailleurs Nous Sommes d'Ici :
http://dailleursnoussommesdici.org/about-us/

Collectif DNSI 37 :
http://dailleursnoussommesdici.org/2011/05/tours-coordination-du-4-septembre/

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28 novembre 2011 1 28 /11 /novembre /2011 08:56

La Poste et le « benchmarking »


En qualité de conseillère régionale, j'ai été désignée, après les élections de 2010, pour siéger à la commission départementale de présence postale territoriale (CDPPT) d' Indre et Loire.

Cette instance, si l'on se réfère au décret  n°2007-448 du 25 mars 2007, a en fait peu de pouvoir. Elle donne des avis alors que, on le voit bien, les décisions sont prises en amont par la direction de La Poste et l'État, il est même fait pression sur les maires pour leur faire accepter l'organisation d'agence postale communale sur leur territoire.

Chaque bureau de poste, que ce soit en ville ou en milieu rural, est passé au peigne fin pour déterminer sa rentabilité. Toute action des agents est comptabilisée en fraction de temps, comme tout est informatisé cela facilite largement le contrôle.On met de côté toute la relation humaine, ne reste que l'acte de vente au client. Les notions de service et d'usagers ont disparues.

C'est de cette manière que la direction de La Poste, après une période de contrôle donnée, propose des durées d'ouverture des bureaux se réduisant à peau de chagrin et comme si cela ne suffisait pas, ne procède pas au remplacement des absences de ses agents.


Le maire de la commune concernée se trouve mis devant le fait accompli, soit il accepte de mettre en place une agence postale communale, soit La Poste se repliera sur un relais point poste chez un commerçant, mais il faut savoir que, dans ces deux dispositifs, les services offerts à la population sont beaucoup plus réduits que ceux que l'on trouve dans un bureau de poste.


La Poste est devenue la championne du benchmarking (*), une des recommandations du traité de Lisbonne pour satisfaire à la « concurrence libre et non faussée ».

Le rouleau compresseur repris par Nicolas Sarkozy en 2007 pour détricoter ce qui reste de service public en France fonctionne bien.

 

Maryvonne Barichard

 

 

(*) benchmarking : analyse comparative de différents critères - qualité, productivité, rapidité et délais...- dans le but de définir des objectifs et d'être le meilleur dans la concurrence.

 

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16 novembre 2011 3 16 /11 /novembre /2011 12:34

 

 

Appel à une journée d'action syndicale en Europe  du 30 novembre 2011 pour défendre et promouvoir les services publics

 

 

 

 

Pour un changement de la politique économique européenne

Non à l'austérité

Pour l'Emploi, les Services publics, les Droits sociaux et la Démocratie

 

L'Union européenne et les pays de la zone euro traversent la pire crise depuis 1945.

Celle-ci a été provoquée par le système capitaliste et la course aux profits.

Elle affecte les salariés et salariées, les familles. Loin d’améliorer la situation, les politiques d’austérité mises en œuvre partout en Europe ne font que nourrir la crise et en aggraver les conséquences sociales.

 

La CGT et son secrétaire général Bernard Thibault ont prévenu qu’il était « hors de question d’accepter cette nouvelle austérité. Les salariés ne sont en rien responsable de cette crise, cette dette n’est pas la nôtre ».

 

 

La Fédération européenne des syndicats des services publics (FSESP) dénonce l’ingérence de la Troïka (BCE, FMI, Commission Européenne) dans la négociation collective. Elle s’oppose aux attaques contre les droits sociaux et exige une nouvelle politique économique.

 

La riposte européenne s’organise

 

lIl est urgent de changer la politique économique européenne en renonçant à l'austérité, à l'emploi précaire et à l'inégalité au profit du développement durable, d'une fiscalité équitable, de l'investissement dans les services publics, de plus d'égalité et moins de pauvreté.

 

lLa FSESP s'oppose aux attaques contre les droits sociaux et syndicaux fondamentaux lancées dans plusieurs États membres de l'Union européenne. Elle exige que les gouvernements et les employeurs cessent d'invoquer la crise pour démanteler la protection des travailleurs contre l'exploitation.

 

lLa FSESP dénonce que, par des courriers secrets, la Banque centrale européenne (BCE) ou la troïka (Fonds monétaire international, BCE et Commission européenne) interviennent dans la négociation collective et imposent à des pays de modifier leur législation du travail pour pouvoir bénéficier des aides européennes. Elles n'ont aucun droit légitime ou mandat pour imposer de tels changements.

 

lLa FSESP préconise une Union européenne fondée sur des valeurs démocratiques, dans laquelle les droits fondamentaux priment sur le marché intérieur. Les chefs de gouvernements européens doivent respecter l'autonomie des partenaires sociaux et le rôle des syndicats qui est de défendre les travailleurs à tous les niveaux. Le droit de grève est le recours ultime qu'ont les travailleurs pour se défendre contre des employeurs et des gouvernements qui prennent des décisions ayant une influence sur leurs droits, leurs emplois, leurs salaires et leurs conditions.

 

 

 

Exigeons une nouvelle politique écon

 

 

Afin d’adresser un message fort au Conseil des ministres des Affaires économiques et financières (30 novembre), au Conseil des ministres de l'Emploi et des Affaires sociales (1er décembre) et au Conseil européen (8 décembre).

 

La journée du 30 novembre sera marquée par une journée de grève générale dans les services publics :

 

ð Au Portugal le 24 novembre ;

 

ð  En Grande Bretagne le 30 novembre ;

 

ð En Italie le 3 décembre.

 

 

1- Un nouveau plan européen d'investissement pour relancer l'économie, stimuler les emplois verts et mettre l'Europe sur la voie du développement durable;

2-      Des mesures et orientations pour s'attaquer au travail précaire et aux bas salaires, et assurer un salaire égal pour un travail d'égale valeur;

3-      Des mesures pour réduire la pauvreté et l'exclusion sociale;

4-      Progresser dans la voie d'une Banque publique européenne pour la dette souveraine;

5-      Des mesures pour remédier à la défaillance du système bancaire, pour assurer une séparation fonctionnelle entre la banque d'investissement (spéculatif) et la banque de détail et commerciale, pour mettre fin à la culture cupide des bonus;

6-      Une Taxe sur les transactions financières (TTF) dans l'Union européenne, première étape sur la voie d'une TTF mondiale, pour contribuer à financer des biens et services collectifs. Cette taxe devrait être opérationnelle d'ici 2013.

7-      Renforcement de la négociation collective et du dialogue social.

8-      Accroître fortement l’imposition des hauts revenus.

9-      Intensifier l'action pour la suppression des paradis fiscaux, la lutte contre la corruption et la fraude fiscale;

 

 

Dans ce cadre, la CGT appelle à faire du 30 novembre une journée d’action pour la défense et la promotion des services publics. La CGT Fonction publique appelle ses organisations, en lien étroit avec les structures interprofessionnelles, à construire avec les personnels la mobilisation sous des formes diversifiées dans les territoires (rassemblements notamment) au plus haut niveau.

 

Comme l’ensemble des travailleurs d’Europe, le 30 novembre, disons « Non ! » à l’austérité et « Oui ! » au progrès social.

 

ORGANISONS LA RIPOSTE AU NIVEAU EUROPEEN

 

 

Montreuil, le 16 novembre 2011

 

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9 novembre 2011 3 09 /11 /novembre /2011 16:04

Alors que l'agence Moody's menace de dégrader la note «triple A» de la France, des associations et organisations syndicales lancent ce mercredi un «appel pour un audit citoyen de la dette publique» (il est à lire ici), publié en exclusivité par Mediapart, pour en finir avec les «discours culpabilisateurs» sur l'endettement. «Nous refusons que ces questions soient évacuées ou traitées dans notre dos par les experts officiels sous influence des lobbies économiques et financiers. Nous voulons y répondre nous-mêmes, dans le cadre d'un vaste débat démocratique qui décidera de notre avenir commun», lit-on dans le texte, issu d'un collectif constitué d'une quinzaine de structures (CGT, FSU, Attac-France, Fondation Copernic, Ligue des droits de l'homme, etc.).

Parmi les premiers signataires de l'appel, figurent des économistes «atterrés» (André Orléan, Philippe Askénazy, Frédéric Lordon...), des philosophes et sociologues (Etienne Balibar, Alain Caillé, Dominique Méda...) ou encore des personnalités, comme Stéphane Hessel et Ariane Mnouchkine. Il est également soutenu par le Parti de gauche, le Parti communiste et le NPA.

Le projet consiste à passer en revue les strates de la dette française, accumulée depuis des décennies, «pour ne pas laisser aux autorités le discours sur la dette», insiste Frédéric Lemaire, de l'association Attac. Avec quelque 1.600 milliards d'euros, la dette française dépasse 85% de son PIB. Elle est le pays noté «triple A» dont les comptes publics sont les plus dégradés.

Ce collectif s'inspire d'une pratique, l'audit de la dette, déjà testée dans plusieurs pays ces dernières années. L'expérience la plus spectaculaire concerne l'Equateur, lorsque son président, Rafael Correa, avait mis sur pied, en 2007, une «commission d'audit», concluant à l'«illégitimité» d'une partie de la dette équatorienne. A la lecture des conclusions du panel, Correa avait décidé de suspendre 40% environ des remboursements de sa dette à l'international (lire notre article sur Mediapart).

La commission équatorienne avait identifié des tranches de dettes «illégales» (lorsque le contrat signé est jugé contraire au droit, national ou international), «odieuses» (lorsque le gouvernement qui les a contractées, en son temps, n'était pas démocratique) ou encore «illégitimes» (par exemple lorsque l'on vole au secours, sans condition, de banques privées).

Y a-t-il de la dette «illégitime», en France?

 

De manière plus confidentielle, des expériences d'«audit citoyen» de la dette sont en cours au Brésil, mais aussi en Grèce et en Irlande (lire leur audit ici) depuis le printemps 2011, et en Espagne depuis octobre. La dynamique devrait également s'enclencher au Portugal en décembre. Ces collectifs-là n'engagent en rien l'exécutif de leur pays, et les chances sont minces de voir un gouvernement s'emparer de leurs conclusions. «Il s'agit avant tout de lancer un débat public, sans présager de l'issue du débat», explique Frédéric Lemaire.

En Grèce, certains prêts, contractés pendant la dictature des colonels, pourraient être contestés. Et la légitimité d'une partie de la dette grecque, qui fut maquillée, au cours des années 2000, avec l'aide de Goldman Sachs, pourrait aussi faire débat. En Irlande, les débats se sont concentrés sur le coût exorbitant du sauvetage des banques, en 2008.

En France, la question de la «légitimité» de la dette n'est pas si évidente, et le collectif à l'initiative de l'appel se garde bien d'aller aussi loin pour l'instant. Il se contente d'appeler à un débat public. Certains signataires de l'Appel plaident toutefois pour l'annulation de pans de la dette française, qu'ils jugent «illégitimes». «En Europe aujourd'hui, la dette n'est pas 'odieuse', au sens où elle a pu l'être dans les pays en développement, lorsqu'elle avait été contractée par des dictatures. Mais elle n'est pas pour autant légitime», fait valoir Cédric Durand, maître de conférences à l'université Paris-13.

«L'explosion de la dette publique en Europe est la conséquence immédiate, dans des proportions variables selon les pays, des plans de sauvetage du système bancaire et de relance de l'activité en 2008-2009, mais surtout des pertes de recettes liées à la crise. Une crise dont le site de déclenchement, sinon la source véritable, est la sphère financière. Dans le cas de la France, la dette est ainsi passée de 63,7% du PIB fin 2007 à 86,2% en juin 2011», poursuit-il.

Les partisans d'une annulation de blocs de la dette française identifient en fait deux zones grises à examiner de près:

  • Les plans de sauvetage des banques en 2008
  • Des avantages fiscaux concédés aux ménages les plus aisés et aux entreprises, en temps de crise («une fiscalité violemment anti-redistributive», dit Cédric Durand)

Aboutir à un premier chiffrage de ces deux strates pourrait être l'un des objectifs, à court terme, de ces «comités locaux», qui devraient se mettre en place en France, dans les semaines à venir, dans la foulée de l'Appel.

L'appel est à lire en intégralité en cliquant ici.

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3 novembre 2011 4 03 /11 /novembre /2011 08:01

Pour un audit citoyen de la dette !

... et le lancement d'un vaste débat démocratique.

Écoles, hôpitaux, hébergement d'urgence… Retraites, chômage, culture, environnement... nous vivons tous au quotidien l'austérité budgétaire et le pire est à venir. « Nous vivons au-dessus de nos moyens », telle est la rengaine que l'on nous ressasse dans les grands médias.

Maintenant « il faut rembourser la dette », nous répète-t-on matin et soir. « On n’a pas le choix, il faut rassurer les marchés financiers, sauver la bonne réputation, le triple A de la France ».

Nous refusons ces discours culpabilisateurs. Nous ne voulons pas assister en spectateurs à la remise en cause de tout ce qui rendait encore vivables nos sociétés, en France et en Europe.

Avons-nous trop dépensé pour l’école et la santé, ou bien les cadeaux fiscaux et sociaux depuis 20 ans ont-ils asséché les budgets ?

Cette dette a-t-elle été toute entière contractée dans l'intérêt général, ou bien peut-elle être considérée en partie comme illégitime ?

Qui détient ses titres et profite de l'austérité ? Pourquoi les États sont-il obligés de s'endetter auprès des marchés financiers et des banques, alors que celles-ci peuvent emprunter directement et pour moins cher à la Banque centrale européenne ?

Nous refusons que ces questions soient évacuées ou traitées dans notre dos par les experts officiels sous influence des lobbies économiques et financiers. Nous voulons y répondre nous-mêmes dans le cadre d'un vaste débat démocratique qui décidera de notre avenir commun.

En fin de compte, ne sommes-nous plus que des jouets entre les mains des actionnaires, des spéculateurs et des créanciers, ou bien encore des citoyens, capables de délibérer ensemble de notre avenir ?

Nous décidons d'engager le débat et de nous mobiliser dans nos villes, nos quartiers, nos villages, nos lieux de travail, en lançant un vaste audit citoyen de la dette publique.

Nous créons au plan national et local des collectifs pour un audit citoyen, avec nos syndicats et associations, avec des experts indépendants, avec nos collègues, nos voisins et concitoyens.

Nous allons prendre en main nos affaires, pour que revive la démocratie.

 


 

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