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20 octobre 2011 4 20 /10 /octobre /2011 08:36

Services publics, l'Europe et nous,

un débat à investir  d'urgence!

 

C'est sur ce thème qu’a eu lieu la soirée-débat du jeudi 13 octobre aux cinémas Studio à l'initiative de la Convergence de défense et développement des services publics et d'ATTAC,  avec la participation de Didier Le Reste, ancien Secrétaire Général de la Fédération CGT des cheminots.

Nous subissons maintenant depuis 5 ans la mise en œuvre de la dite révision générale des politiques publiques (RGPP) qui s'est traduite par 120 000 suppressions d'emplois dans la fonction publique d'Etat. En Indre et Loire, c'est à peu près 300 emplois qui disparaissent ainsi chaque année.

La même politique s'applique dans le domaine de la santé et des collectivités territoriales.

La crise financière sert de prétexte aux ultralibéraux pour aller toujours plus loin en obligeant les pays à privatiser les services publics qui ne le sont pas encore.

On assiste cependant à la montée d'un front du refus contre cette politique, avec  le mouvement des indignés et les luttes qui se développent dans tous les pays.

Il y a 2 ans, à la même époque, nous avons organisé la votation citoyenne, 27 000 tourangeaux se sont alors exprimés contre la privatisation de la Poste. Celle-ci a malgré tout eu lieu. Cependant la Poste demeure encore aujourd'hui à capitaux publics. C'est un formidable outil pour une autre politique au service du financement de l'économie, pour l'emploi et le développement des territoires.

La réforme des collectivités territoriales s'est heurtée à l'opposition massive des élus et à l'attachement de la population à ce premier niveau de vie démocratique.

Maintenant le gouvernement veut attaquer frontalement la SNCF. Un rapport scandaleux du "centre d'analyse stratégique" qui vient d'être publié, début octobre 2011, demande au gouvernement d'ouvrir à la concurrence une partie des trains dits d'équilibre du territoire mais aussi des TER, avant de généraliser la privatisation de l'ensemble du transport ferroviaire.

Comme pour la Poste, nous voulons mener la bataille pour une SNCF 100% service public avec un droit au transport reconnu pour tous. Cela passe par une tarification sociale adaptée à tous les publics.

 

Patrick Hallinger

 

 

 


3 questions à  Didier Le Reste qui a animé la soirée -débat du Studio du 13 octobre 2011


                                              

Après la privatisation de bien des services publics, la SNCF est en première ligne, sommée de s'ouvrir à la concurrence au nom de l'Europe. Services publics et Europe seraient-ils incompatibles ?


Didier Le Reste : On assiste aux mêmes politiques de libéralisation de tous les services publics. Une véritable coresponsabilité des politiques nationales et européenne est en cause.

Au plan national, l'attaque contre les services publics intervient alors même qu'avec la crise monte le besoin de plus de solidarité et d'actions concrètes  pour développer la production et la création d'emplois.

Beaucoup de commentateurs ont également  noté le rôle d'amortisseur de la crise que jouent les services publics.

Il est important de dire qu'on ne pourra pas moderniser et développer les services publics si on ne met pas en cause la politique européenne en la matière. 60 à 70% de la production législative découle des textes européens. Il faut rappeler que le traité de Lisbonne soumet toutes les activités humaines au principe du marché.

Concernant les TER, il faudrait mettre en concurrence les TER en région. Cependant, grâce aux luttes menées, le règlement européen prévoit 2 alternatives aux autorités organisatrices de transport (dont par exemple les régions), soit l'appel d'offre, soit l'attribution directe à la SNCF du contrat de service public.

Les luttes, au plan  national comme au plan européen,  vont être décisives pour changer la donne et promouvoir une nouvelle politique pour les services publics en France et en Europe.

C'est une responsabilité qui incombe notamment aux élus qui ne peuvent, d'un côté, voter ou laisser passer les textes de privatisation à Paris ou à  Bruxelles et, de l'autre,  participer aux actions contre la fermeture de bureaux de poste, d’hôpitaux de proximité ou de gares de triage…

 

 

 

Une citation sur la SNCF de Raymond Aubrac rappelée par Didier Le Reste qui dénonce et appelle à combattre  la "privatisation vampire":

"la SNCF, dans l'histoire, a été les artères et les veines du pays. Les politiques libérales ont tronçonné

le tronc et les membres et le sang se retire"

 

 

 

 

Existe-t-il une place pour une alternative ?


Didier Le Reste : Il ne s'agit pas d'être anti-européen mais de mener l'action pour une Europe de coopération dans le sens de l'intérêt général.

Les privatisations sont présentées dans l'intérêt de l'usager et de la "modernisation", mais, malgré les demandes réitérées,  on n'a jamais de bilan. Ce sont d'ailleurs les mêmes bureaux d'études internationaux qui sont à l'œuvre pour promouvoir les privatisations dans tous les pays, avec le recours aux  mêmes méthodes.  En réalité, la  concurrence conduit toujours aux augmentations tarifaires, au démantèlement des conditions sociales, à la dégradation de la qualité de service et à la mise en cause de la sécurité.

Des exemples de coopérations existent déjà dans le domaine des transports qui ont permis d'assurer son développement et qui peuvent servir de référence, ainsi par exemple, le  train Thalis.

Nous avons aussi  l'expérience de la période 1997-2002 où avec la réduction du temps de travail, on a pu embaucher 26 600 jeunes cheminots. Il n'y a donc pas de fatalité à laisser décliner les activités.

 

Comment agir en tant que citoyen pour changer les choses, pour un service  public accessible à tous sur tout le territoire ?


Didier Le Reste : Les exemples montrant les résultats obtenus par les luttes convergentes salariés, usagers sont nombreux.

En décembre 2005, la direction de la SNCF, en phase avec le gouvernement, avait décidé la fermeture de70 lignes corail Interrégionales. L'action des salariés, des usagers, des élus a mis en échec  ce projet. Des  investissements ont été réalisés qui se sont traduits par le développement du trafic.

L'exemple de la votation  citoyenne en 2009 a permis de créer un rapport de force qui a conduit au maintien d'une Poste à capitaux publics même si le risque existe de voir la Caisse des  dépôts se retirer pour  laisser la place au privé.

Plus récemment, les collectifs de défense des services publics dans le Lot, à Souillac et Gordon,  ont permis le maintien de la desserte ferroviaire.

Une certaine articulation entre mouvement social et mouvement politique est indispensable… sans attendre 2012. Si le social ne s'impose pas dans le champ politique, s'il ne l'investit pas,  on va dériver vers d'autres problématiques, avec le risque d'une alternance sans alternative.

Les services publics sont des outils dont la nation s'est dotée pour assurer son développement. Ils ont toujours été un enjeu entre le capital et le travail. Les services publics doivent assurer les droits fondamentaux, santé, éducation, culture, transports,...ce que ne peut pas faire le marché libéral. Ils doivent  donc être mis hors champ de la concurrence.

 Le choix du service public au cœur du projet de société, c'est aussi celles de valeurs non marchandisables pour des politiques publiques réellement d'intérêt général, ainsi pour l'aménagement harmonieux du territoire, la cohésion sociale, un nouveau développement  économique et social intégrant les enjeux environnementaux.

La défense et la reconquête du service public, de ses valeurs,  seront au centre de l'action qu'engagera la Convergence nationale pour un service public ferroviaire de qualité dont la création va être prochainement officialisée.

 

 

Sur le vif du débat au studio, la réponse de Didier Le Reste sur la gratuité dans les transports


La question tarifaire est décisive pour le droit au transport pour tous. Cet été 2011, un décret autorise la SNCF à la "liberté tarifaire". Une  nouvelle étape est ainsi franchie dans la jungle tarifaire. Celui qui pourra programmer à l’ avance son déplacement pourra en profiter, les autres paieront plein pot…

En réponse à une question sur  la gratuité dans les transports, Didier Le Reste rappelle que c'est un ancien syndicaliste cheminot CGT, Jean-Marc Coppola, qui a fait partie des initiateurs dans la région PACA. Les expérimentations se développent avec par exemple  des transports urbains ou le TER à 1 euro.

Le débat doit cependant être au fond et aborder franchement et en toute transparence la question du financement (qui paie?)et de la cohérence territoriale (gratuit ici, payant ailleurs,…).  La complémentarité des transports doit également être traitée, on voit encore des lignes  de bus (compétence départementale) concurrencer les TER (compétence régionale)…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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